l'alcôve des filles

En entendant les doux sons musicaux, si peu habituels aux bruits de tonneaux crevés, de gros rires et d'explosions de sproach Ball venant du bar, Seytahn se dirige vers l'alcove... au passage elle prend de l'encens de rose et de Sental, et quelques pétales de fleurs pas encore écrabouillés, pour les répendre dans le boudoir accueillant.

Bonsoir Elyra. Comment vas-tu ?

- Quelle joie! tu es vite venue!

Elyra se lève et serre dans ses bras cette femme qu'elle admire et considère déjà comme une amie. Puis elle met l'encens à brûler, l'air se purifie.

- Assieds toi, j'ai une surprise! Ferme les yeux.

Elle l'installe sur un coussin claque des doigts et Seytanh peut ressentir sur elle une étoffe très douce, puis Elyra s'occuppe de ses cheveux, c'est agréable, reposant. Seytanh pourrait presque s'endormir.

- Tu peux ouvrir les yeux!

Elyra sourit et fait apparaitre un miroir en pied face à Seytanh. S'y mirant, Seytahn s'apperçoit vêtue d'une longue tunique faite d'un tissu bleu clair doux et extrêmement léger. La tunique tombe jusqu'à terre. Ses cheveux sont une longue tresse posée sur son épaule gauche et piquée de petites fleurs bleues et blanches.

- Je ne connais pas tes goûts, mais j'espère que ça te plait!

En effet Seytahn s'est sentie sombrer dans une délicieuse somnolance, abandonnant sa chevelure aux mains expertes de la magicienne dorée.
De lointains souvenirs ressurgirent de sa mémoire... dans un brouillard un visage incertain lui était familier... les même gestes dans ses cheveux... mais qui donc était vraiment Elyra, ne l'avait-elle pas déjà rencontrée, ailleurs ?

La voix pimpante de l'elfe la fait sortir de sa torpeur, et l'image du miroir la surprend agréablement : elle apparait differement, moins sombre, plus douce et lumineuse.

Elle se tourne vers Elyra et lui dit :

Tu permets ?

Et en la fixant de son regard le plus noir, elle enveloppe son amie d'une ombre hypnotique.

L'elfe se laisse choir sur les coussins.

Seytahn murmure des sentances magiques dans les intonations les plus basses, et fait quelques gestes indescriptibles et troublants en direction du corps endormi.
Puis elle claque des doigts, Elyra se redresse...

Vois plutôt.

Elle tourne le miroir vers elle...

Elyra est vétue d'une robe aux couleurs aussi profondes que celles de la nuit, des pans de soie moirée découvrent ça et là un corps à la peau d'une blancheur éclatante. Ses jambes luisent comme de la nacre...
Son visage est exhangue, et sa chevelure plus noire que le jais, est parcourue de reflets bleutés tels le plumage des corbeaux.
Deux ailes noires derrière son dos...


Quand tu veux j'arrête le sortilège, Elyra...

Se voir ainsi la trouble. Elle est belle mais si sombre et si pâle... elle se ressent une pointe de tristesse, mais il ne le faut pas, ce n'est pas gentil. Qu'aurait fait Elvea à sa place?
Elyra se retourne vers Seytanh et lui sourit.

- Je te remercie et je vais rester comme ça. Ainsi je me sentirai plus proche de toi. Mais je t'en prie installe toi, je t'ai demandé de venir car je voudrais mieux te connaitre. Le peu que je connais de toi je l'apprécie, mais ce n'est pas suffisant.
Je souhaite que tu me dises tout ce que tu veux, je ne te force à rien, dis moi ce qui te vient à l'esprit.

Seytahn reste un moment songeuse.
Et puis elle se lève, attrape des bougies entreposées sur une petite étagère, dans un recoin de la pièce, cachée par un rideau de dentelles.

Elle les dispose ça et là, et les allume comme si elle faisait un rituel, seul le bruit des flammes crépitantes viennent troubler un silence qui se fait de plus en plus lourd.

Elle s'empare d'une boîte noire, dont le bois d'ébène semble poli par le temps. La cleé d'or produit un petit déclic, le couvercle grince en s'ouvrant, laissant apparaitre de magnifiques cartes de Tarot enluminées. Elles brillent à la lueur des bougies.
Quand elle les mélange, lentement, le chuintement du papier cartonné fait un bruit mat, caressant, frissonnant.

Seytahn regarde enfin Elyra et lui dit :

- D'accord, mais ce sera alors un échange de bons procédés : chaque chose dévoilée sur moi appelera une confidence de ta part. J'ai moi aussi envie de te connaitre...

Elle étend les précieuses cartes sur un tapis mauve. Elles semblent encore plus lumineuses... les flammes tremblent. La cire chaude diffuse une odeur enveloppante.

La voix de Seytahn se fait plus feutrée, voilée, chuchotante. L'athmosphère devient différent, plus compact, présent, sensible.

- A chaque carte tirée, on livre une partie de nous-même. Es-tu d'accord ?

Elyra fait un signe de tête. L'ambiance installée par Seytahn est idéale pour ce qui va suivre.

- Je suis d'accord. Mais tu as triché : c'est moi qui ai posé la question et pourtant je serai la première à y répondre.

Elle rit, puis tire une carte : le Monde.

- Et bien, rien que ça?
voyons... développement personnel, décisions volontaires, reconnaissance, bon équilibre entre l'esprit et l'intuition.

Mon Monde est lointain, tellement lointain qu'il semble proche. Dans l'espace il ressemble à une sphère à l'atmosphère rose nacré, ce qui lui confère déjà une aura de douceur.
Imagine toi que nous nous posons sur ce Monde, je vais te faire visiter. Mais avant, il faut que tu boives ceci.

Elle lui verse le liquide irisé, et une fois que le verre est vide, seulement à ce moment,Elyra entamme un chant gai, esquisse quelques pas de danse souples et gracieux. Dessine dans l'air quelques arabesques de ses doigts fins, regarde Seytahn fixement et celle-ci est absorbée par les yeux de l'elfe. Le décor mystique de l'alcôve disparait tout à fait. Elyra lui sourit, puis quitte Seytahn des yeux, la laissant observer ce qu'il y a autour.

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Là où elles se trouvent, tout est valloné, vert, il y a des arbres, des fleurs... Quelque chose passe dans le ciel.
- Viens! dit Elyra.
Elle saisit la main de Seytahn et toutes deux prennent leur envol. Elles se posent quelques dizaines de mètre plus loin. Seytahn apperçoit des hommes et des femmes avec des ailes de papilllon dans le dos.

Ce sont les Floréliants explique Elyra. Ce peuple est spécialiste pour tout ce qui est du domaine de la flore. Ils s'occupent merveilleusement de la nature végétale.
Chaque saison ensoleillée commence par la fête du Renouveau des Floréliants. Ces êtres-papillons sont un spectacle charmant lorsqu’ils dansent, mêlant les couleurs chatoyantes de leurs ailes. De plus, une poudre scintillante se dégage d’eux lorsqu’ils se meuvent gracieusement et acrobatiquement en ce jour spécial. Le rituel veut qu’en faisant tomber cette poudre sur le sol et les arbres, les Floréliants permettent d’amplifier la première floraison de la saison.

- Tant de monde se rassemble pour cet événement ! C'est vraiment très beau. Si tu pouvais voir ça chère Seytahn!

***
Elyra reprend la main de Seytahn, et la mène à une vaste étendue de sable fin et rosé. Il y a ça et là des roses des sables. L'air y est doux. Elles s'approchent de rochers. De près, on voit que ce sont des cristaux, du quartz probablement. Une eau claire coule de cette fontaine naturelle.
- Ici c'est le désert Maëva. L'eau qui y coule est la préférée des licornes. N'hésite pas à goûter si tu veux.
Seytahn s'exécute. L'eau semble pls désaltérante qu'aucune autre, elle a un petit goût peut être floral, indéfinissable mais très agréable.
- L'eau passe sous le sable, mais on peut suivre son cheminement.

Toutes deux commencent à marcher quand un pégase blanc comme un nuage et un autre roux au chanfrein et balzannes blancs et la croupe tachetée se posent devant elles. Ils inclinent leurs têtes.
- Chère Lumière, permets nous de vous accompagner toi et ton amie. Je me nomme Pêcheur d'étoiles. dit il à l'adresse de Seytahn.
- Et moi Seytahn, enchantée. répond la jeune femme en s'inclinant à son tour.
- Je suis Sélénite, et serais ravie que vous montiez sur mon dos. dit le blanc d'une voix un peu plus féminine que son compagnon.
Elyra sourit à Seytahn et les filles enfourchent les créatures ailées.
Pêcheur d'étoile et Sélénite suivent le cheminement invisible de l'eau de crital, pour finalement arriver à une grande étendue d'eau, sur laquelle ils se posent.
- Ici, c'est la mer du souvenir. On ne peut pas s'enfoncer dans l'eau. Je sais que la Princesse aime s'étendre sur une vague et se laisser porter doucement. Ici elle est au calme quand elle a besoin de penser. Si tu veux marcher sur l'eau n'hésite pas, c'est amusant! Mais courir est plus difficile.
***
Reprenant leur excursion dans le ciel elle apperçoivent une île avec en son centre un grand volcan.
C'est l'île des enfants dragons. Elyra raconte que les dragons y naissent, y meurent et y passent la plus grande partie de leur vie, en compagnies de personnes qui leur sont liées. Il y a ici sept sortes de Dragons, et chaque oeuf trouve quelqu'un à qui se lier. Ce sont ces personnes qui sont appelées "enfants-dragons". Il y a toute une légende qui explique pourquoi il n'y a que sept races différentes, mais Elyra l'a oubliée.
***
Ils repartent et survolent de grandes étendues herbeuses et fleuries, on y apperçoit ça et là des groupes de centaures, des troupeaux de licornes... Dans les lacs et les ruisseaux se trouvent des ondines...
Le petit groupe s'approche d'une montagne. Un grand rapace noir decend la montagne en piqué et au moment d'aterrir se change en une femme aux cheveux sombres, qui se dirige vers la forêt, d'une démarche flottante.
- Sur cette montagne appelée "l'Aire" vivent les Skaadis. Ce sont des Rapaces-hommes aux pouvoirs psychique particulièrement puissants.
Il y a encore de nombreux peuples qui co-existent ici, mais je ne peux tous te les montrer car moi-même je n'en connais qu'une partie.
Tous ceux qui vivent ici habitaient autre part avant, dans d'autres mondes. Mais il y a eu un mal affreux qui a commencé à ronger et tuer de l'intérieur leurs Mondes. On ne sait pas d'où il vient, comment il a commencé. Ce que l'on sait c'est que la barrière magique qui protège ce Monde est assez puissante pour qu'il ne puisse jamais s'y attaquer.
Tous ces peuples ont donc été recueillis ici. En échange de serment de paix, ils ont été reçus dans ce Monde qui est maintenant chez eux.
***
Quand Elyra parle de son Monde elle a les yeux qui pétillent de bonheur, de fierté. Elle est heureuse de faire partager cela à son amie.
Elle souhaite lui montrer une dernière chose. Elle lui saisit la main et le décor disparait. Elle sont dans une salle blanche dont on ne distingue pas les limites. Il est impossible de poser son attention autre part que sur une tapis rouge au bout duquel se trouve une jeune femme dans une robe de velours rouge, assise sur ce qui semble être un trône blanc.

De magnifiques boucles chatain doré encadrent un joli visage illuminé par un merveilleux sourire et où brillent des yeux violets. Cette personne rayonne d'une aura de pure bonté, espoir et pureté. A être proche d'elle on se sent profondément appaisé, rassuré, aimé.
Seytahn fait un pas en direction de la Princesse...
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... et se retrouve face à Elyra dans l'alcôve, entourée des bougies, de la fumée de l'encens. Elyra pousse un soupir d'aise, ferme les yeux, lève le visage vers la voûte, inspire et expire profondément.
Posant de nouveau des yeux rêveurs et pétillants de joie sur son amie, elle lui dit:

- Je t'ai fait voyager dans mes souvenirs afin de te faire connaitre mon Monde d'origine. J'espère que tu as aimé.

Elyra s'assoit.

- A ton tour maintenant, sauf si tu as des choses à me demander.

Seytahn est encore toute estourbie : quel voyage !!!
Des choses à demander, oui, plein, mais elle est encore sous le choce des découvertes du monde d'Elyra, et le vent souffle toujours à ses oreilles alors qu'elle ne chevauche plus la licorne...

- Elyra... (parvient-elle enfin à prononcer)... tous ces peuples extraordinaires... ce monde enchanté... ces merveilles à visiter... tu m'y enverras à nouveau j'espère.


Enfin remise de ses émotions, Seytahn observe plus attentivement la carte du Monde.

Aux quatre coins de la carte, les quatre éléments y sont symbolisés. Au centre, une femme nue, entourée d'une mandorle.

- Bon, allez, moi ausi je t'emmène, mais mieux vaut prendre des précautions

Seytahn se lève, et place une carafe d'Eau dans un coin de la pièce, puis dispose dans l'angle suivant toutes les bougies, pour le Feu. A l'opposé elle fait couler de la Terre qui était entreposée dans le sac d'argile que lui avait pris Shmilblix, et enfin, pour le quatrième coin, muni d'une fenêtre, elle laisse passer l'Air.

Elle sort d'un baluchon un tissu spécial, noir, solide et élastique :

- c'est de la Toile d'araignée, provenant de Xatrio.

Elle la coupe en deux morceaux, joint chaque extrémité aux quatre coins de façon à ce que chaque bande traverse la pièce en forme de croix, se réunissant juste au dessus du tapis mauve.

De retour devant les cartes, Seytahn place la carte du Monde au centre du tapis, et dispose autour les 22 autres lames en forme d'oval régulier, rappelant la mandorle.

- hum je pense que pour visiter les mondes intérieurs, il faut avoir un bon système d'ancrage pour ne pas se perdre, et cela peut se faire grâce à des objets extérieurs très concrets, bref, la conscience a besoin de matière.

Elle lui fait un clin d'oeil complice.
Elle choisit une carte, rompant le cercle ovoïde : Arcane 22, le Fou.

- bienvenue dans le monde des fous.


Elle se saisit en douceur du visage radieux de l'elfette, l'attire vers le sien, elles se retrouvent front contre front.

Un tourbillon les emporte. Elles passent rapidement à travers les flammes, l'eau, la poussière et le vent. La femme nue apparait, fragile et vulnérable. Au sommet de son crâne une ouverture se déploie comme un nénuphar qui écarte ses pétales, offrant un coeur sombre. Elles s'engouffrent dedans.

La chute est si vertigineuse qu'elles en ont le souffle coupé, leurs yeux et leurs narines coulent.

Elles se retrouvent enfin immobilisées devant une drôle de struture, difficilement descriptible : cela ressemble à un sablier, avec deux circonférences mouvantes à ses extrèmités, d'où partent des fibres multicolores ( le prisme de l'arc-en-ciel) qui ondulent sans cesse, comme muent par un mouvement de va-et-vient entre les deux pôlarité.

Elles n'entendent que leur coeur battre, leur respiration aussi, mais une voix se mêle à ces sons intérieurs :

" La Structure. Il y en a 12. En voici une."

Elles se retrouves aspirées à l'intérieur de la structure.

Les voici dans un monde étrange. Des arbres, des pierres, des animaux... mais rien ne se passe comme d'habitude.
Les arbres se penchent vers elles et leur disent :

"Tout est signe."

Les pierres leur font des clins d'oeil et leur transmet une pensée :

"Tout est sens"

Les animaux les regardent avec familiarité et dansent :

" Je suis toi"

Tout autour d'elles palpite, bouge, fluctue, vit avec beaucoup de présence, comme des coeurs battant avec une telle intensité... que cela devient oppréssant, envahissant.

Un être arrive et en frappe un autre.

Elyra et Seytahn ploient et gémissent, comme si les coups leur étaient donnés directement.

Elles se détournent, et voient une biche dorée s'avancer. Des flammes la poursuivent. La biche leur montre, plus loin , le drame. Le coup des hâches. Sa progéniture coupée en morceaux.

Les deux dames se regardent soudain, se faisant à nouveau face : elles sont surprises de constater qu'elles sont transformées en biche. Des feuilles noires tombent du ciel, entre en elles, envahissen leur corps... un froid terrible les habite soudain, certains points deviennent douloureux, et puis elles n'ont plus aucune sensation intérieure, comme si les frontières de leurs corps étaient abolis. Où sont passés leurs organes, leurs sens, leurs contours ?
Par contre le monde qui les entoure semble plus vivant que jamais, comme s'il était constitué d'organes palpitants partout où elles osent poser leur regard. Les couleurs du monde deviennent si vivent, les sons si forts, les matières si mouvantes... qu'elles ferment leurs yeux et se bouchent leurs oreilles.
Elles se recroquevillent. C'en est trop.

Au-dessus de leur tête elles ressentent enfin la présence d'un tissu. La toile de Xatrio.
Seytahn ouvre les yeux, Elyra a encore son front appuyé sur le sien.

- Il y a plein de folies. Mais celle-là les regroupe toutes, et peut arriver à n'importe qui, n'importe quand, sans aucun apport de boissons spéciales, Elyra, c'est bien ça le drame. Cette folie-là n'est pas toujours visible, mais elle désagrège la sensation du "soi". C'est ce que la biche dorée a vécu, son monde structuré de lois animales a été rompu en mille morceaux.
Le Fou de la lame 22 abandonne ses acquis, ses héritages, son savoir, ses règles, pour refaire le chemin inverse, afin de trouver, en-deça de la folie, la sagesse.
C'est pour cela que Psyché est venue me chercher quand j'étais la biche dorée : j'avais tout un chemin d'apprentissage à faire, telles sont les raisons de ma présence dans ce monde, Elyra.
Je suis désolée de t'avoir fait vivre un moment troublant et sombre, en te faisant parcourir un de mes mondes intérieurs... j'espère que tu n'en ressens pas trop de malaise.

En disant cela Seytahn retire le tissu, ferme la fenêtre, éparpille les bougies, vide la cruche d'eau sur Elyra, afin que tout malêtre soit dissipé et qu'Elyra retrouve son identité propore, comme ci elle n'en avait jamais connu d'autres.

Elyra halète, trop de sensations, trop vives, en trop peu de temps. Que s’est il passé ? les coups, les biches,…
Elle recule et se plaque contre le mur. Le contact de la pierre la rassure, quelque chose de réel. Elle recouvre ses esprits. Seytahn et elle sont de retour.

- Eh bien, quel voyage…

Elyra soupire, se détend. Tout est rentré dans l’ordre. Seytahn est donc ici dans un but bien précis, elle a un chemin d’apprentissage à parcourir. Un chemin tortueux semble-t-il.
Elle lui sourit.

- Et dire que je pensais que nous allions seulement discuter, finalement nous allons bien plus loin, nous partageons nos mondes intérieurs…

Après cela elles se connaîtront intimement, le résultat de leur entrevue dépassera tout. Et c’est tant mieux. Seytahn… Elyra pose sur son amie un profond regard débordant de tendresse et d’admiration.

Puis elle choisit une lame de tarot et la retourne. La tempérance : Confiance, équilibre, harmonie, réflexions, soins, patience, diplomatie. Trouver la bonne mesure des choses. Union de l’esprit et de l’intuition. Paix intérieure.

- Il va falloir que je te parle de moi. Mais par où commencer ? J’ai eu une enfance agréable chez les elfes du soleil, le clan de mon père, sans plus. J’y ai des bons souvenirs bien sûr, mais je mentirais en disant que ça me manque. Les meilleurs moments que j’ai passés étaient avec ma lalli –ce mot signifie maman- quand elle m’emmenait à Faëlie. Son Monde, le mien. Celui que je t’ai montré. Une part de mon cœur y est restée. Comment ne pas être marquée par un tel univers ? Je suis fascinée et totalement en amour avec Faëlie. Pour toujours.

- Il s’est passé quelque chose de très important plus tard dans ma vie, un tournant majeur : mon arrivée au Lorndor. Et plus précisément à l’Auberge du Rêveur.

Elyra joint les mains, soupire d’aise. Son visage est radieux, elle regarde le plafond sans le voir, plongée dans ses souvenirs. Ses²cheveux reprennent leur couleur de soleil couchant et leur luminosité habituelle.

- Si tu savais Seytahn, quand j’y suis entrée, c’était pour fuir un ennemi, c’était le hasard. Et j’y ai rencontré des gens merveilleux avec qui j’ai tissé des liens incroyables ! Vraiment ! C’était Whoami, Thanos, Marthau, Hebinokage, Earwen, et Ghryll. Nous sommes tous ensemble partis dans une quête afin de délivrer Whoami de sa malédiction… nous avons échoué, hélas.

Sais-tu Seytahn, qu’ils ont cru en moi ? Qu’ils ont dit avoir besoin de moi ? Je portais leur confiance, j’étais utile. Quel bonheur ! Le grand Whoami, l’ami des Dieux du Lorndor qui me demande de l’aider, moi petite elfe insignifiante, alors je les ai suivis bien sûr ! Ce que nous avons vécu fait qu’ils sont pour toujours dans mon cœur. Tu sais, je voulais faire tout ce que je pouvais pour eux.

Je le sentais en moi, je me sentais tellement bien en leur compagnie, quand ils souriaient j’étais au paradis. Rien ne vaut les moments que nous avons passés ensemble. Il y a eu des passages très difficiles, mais d’autres fort agréables et heureux.

J’ai pensé au fond de moi que je pouvais bien mourir après cela. Je tiens tellement à eux. Nous avons aussi rencontré Croc et Pois_Vif. J’étais merveilleusement entourée. Chacun m’apportait quelque chose de différent mais de fort. J’avais la foi, nous sauverions Whoami. Nous étions unis, la force de toutes ces personnes réunies devait suffire à contrer le mana noir, le chagrin corrompu.

J’étais prête à me sacrifier pour le sauver. Seytahn j’aurais donné mon corps, ma vie, et mon âme pour Whoami. Dès le début je l’ai su, je l’ai ressenti. Je l’ai même rêvé. J’ y étais prête, ce qui comptait était sa rédemption, son bonheur, sa liberté…

Elle parle avec une telle passion, une telle sincérité dans la voix, l’air en vibre.

- Puis il s’est passé quelque chose qui m’a fait hésiter et, je crois changer d’avis. Il n’était plus question de me sacrifier, je voulais vivre, mais ceci est une autre histoire...

Elle porte la main à son coeur, celui ci semble briller quelques instants.

- Seytahn tu sais, je ne suis vraiment pas forte pour un combat au corps à corps. Mais j’ai de la volonté, un esprit fort et la capacité de séparer mon âme de mon corps. Tout cela m’a aidé à avancer et à porter secours à mes amis. J’ai essayé de prendre soin d’eux. Je voulais qu’ils sourient !

Il me semble que j’ai trouvé ma voie en venant au Lorndor. Quand je vois quelqu’un de triste ou de perdu, il faut que j’aille à lui et le console. Je suis faite pour ça, je le sens. Et ainsi je me rends utile, je sais alors que ma vie sert à quelque chose, à quelqu’un. Je voudrais prendre le monde dans mes bas et le bercer jusqu’à l’apaiser totalement.

Elle ferme les yeux et fait le geste d’étreindre quelqu’un. Il y a une lueur au creux de ses bras. Son visage est limpide et détendu. Elle les rouvre et pose un regard mutin sur Seytahn.

- J’ai conscience de n’être ni très sérieuse ni réfléchie. J’agis toujours sur des coups de tête sans forcément penser aux conséquences. Je m’attache très facilement. J’ai peur d’être un jour inutile et délaissée. Mais tant que je servirai à quelque chose, que je pourrai m’occuper des gens qui m’entourent, alors je me sentirai bien, en accord avec moi-même. Et je continuerai toujours. Telle est ma vocation, tel semble être mon destin, et il me convient.

Elle va à Seytahn, lui saisit les mains et pose sur elle des yeux rieurs..

- Excuse moi, je parle beaucoup. Je me livre totalement, sincèrement et j’espère ne pas t’avoir ennuyée.

- mais Elyra, j'adore quand tu parles !

Seytahn se tait un instant, absente. Quand elle rouvre les yeux, son regard est encore plus assombri.

- hum, dans d'autres mondes certaines horreurs ne m'ont pas épargnées, je dois y faire face, et j'aurais du mal à te parler encore de moi, le temps que cela passe... Me permets-tu de faire une petite pose ?
En attendant, peux-tu m'en dire plus sur le monde que tu m'as fait visiter ? Tu sembles bien connaitre ces créatures, les hommes papillons, les licornes, les enfants Dragons : as-tu vécu auprès d'eux assez longtemps et intimement pour ça, ou alors as-tu fait partie de ces races tour à tour comme moi ?

*Un visage pas entièrement inconnu pointa au coin de la tenture...

Et ce n'était pas une fille !!

Apparu alors le petit gnome qui avait l'outrecuidance de pénétrer en ce lieu...*

Escusez moi... J'm'ai perdu ...
Allez savoir comment, j'ai fini par atterrir ici...

*Tout penaud, le gnome attendit la réaction des occupantes*

Seytahn éclate de rire en reconnaissant son bien-aimé !

- Molière, vous ici ! Quand on parle de loup ! Car figurez vous qu'Elyra m'a posé des questions sur vous ( en privé), cherchant désespérement des brides de votre histoire dans les recoins de la Grande Place Publique de Lorndor ! Venez donc vous assoir prés de nous, je pense qu'Elyra fera une exception pour le gnôme masculin mais divin que vous êtes.

*Rassuré, le gnome commença à observer le décor qu'il entourait... Décoré avec soin, il aurait qualifié l'endroit d'un "rien surfait", mais dans l'ensemble cela lui convenait.
Il alla s'asseoir tout à côté d'Elyra.. Et devant l'oeil répprobateur de seytahn, il se décala légèrement..

Il prit sa main et y déposa un leger baiser, en bon gentleman..
Il regarda Seytahn et tapota les coussins à ses côtés pour l'inciter à venir auprès de lui.. Puis il se tourna vers Elyra*

On dit beaucoup trop de choses à mon sujet.. Que puis-je pour vous ?

En attendant que la lumineuse Elfette réponde au gentilhomme, Seytahn vient s'assoir à ses côtés, retenant un sourire amusé, car ne pouvant s'empêcher de penser que le charme de son amant pouvait encore faire bien des ravages dans le coeur si généreux d'une superbe Elfette.
Elle voit une autre petit silhouette derrière le rideau, et d'un geste de la main :

- mais c'est toi Titocounet ? Viens donc te joindre à nous, plus on est de phou, (comme dirait Jah), bref, (comme dirait Pépin)...

*Le Gnome n'était effectivement jamais loin de son compère et le suivait de peu, occupé a ne pas perdre sa trave, sans toutefois vouloir se montrer.
Aussi, lorsque Seytahn lui fit signe de s'approcher, Titoc s'approcha doucement, penaud d'avoir été découvert.
Mi frustré d'avoir été reperé, mi heureux d'avoir été invité, le Gnome fit vite son choix et s'avança un grand sourire aux lèvres.*

Bonjour Seytahn

*Puis se retournant vers Elyra*

Bonjour... ma demoiZelle, nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer avant, a moins que ma mémoire me fasse défaut.
Titoc, Gnome de son état, enchanté.

- Charmée de même mes seigneurs. Il est vrai que c'est l'alcôve des filles mais c'est un réel plaisir que d'avoir des visiteurs.

Molière, je suis très heureuse de vous connaître. Je vous connais un peu par Seytahn, et c'est une excellente surprise de vous rencontrer.
Quant à vous Titoc, je ne sais qu'une chose, et pas la moindre : vous avez créé l'Auberge du Rêveur et pour cela je tiens à vous remercier. C'est d'une certaine féçon grâce à vous si j'ai vécu des choses et rencontré des personnes merveilleuses en Lorndor.

Et qu'est-ce qui vous amène à nous? Si je peux le demander...

L'elfe est heureuse, encore des connaissances à faire! Ses cheveux brillent et elle sourit à ses 3 compagnons.

- Oh, et tant que j'y pense, maintenant que vous êtes entrés ici, vous ne pourrez en ressortir sans avaoir raconté une histoire qui vous concerne!

*Le gnome réfléchi, tout à son aise qu'il était d'être ainsi installé...*

Ce qui m'a amené ici... Je serais tenté de vous répondre que ce n'est que pour pouvoir admirer vos yeux, et venir me blottir auprès de ma bien-aimée... Mais ce serait mentir que de dire cela...

* Pardonnez mes propos, ma chère et tendre, mais vous êtes si jolies quand vous êtes jalouse*

Bref (Disait Pépin Ajouta Titoc avec insubordination)..
Ce qui m'a conduit ici, c'est une incroyable quête...

Tout à commencer sur le petit salon où j'aime à venir me délasser (#G-nôme pour les curieux)... et où un message de Jah avait été rédigé...

Oh, j'en fus aussi surpris que vous, car je le croyais moi aussi mort... Mais voila que je me suis pris au jeu, et que j'ai tenté de remonter sa piste. Qui m'a conduit jusqu'ici, où il semble être passé, mais déjà reparti.
J'avoue être curieux de ce que nous trouverons à l'arrivée, Titoc et moi (oui, il a fallu qu'il me suive... Ne lui en voulons pas, le pauvre chérubin de lutin nous en voudrait de l'abandonner)

Et c'est ainsi que me voici échoué ici..

Mais je ne laisserai pas une si belle piste me filer entre les doigts, et poursuivrait mes recherches.. Mais en attendant, autant profiter de ce qui nous est offert

*Sur ces mots, Molière s'enfonça un peu plus profondemment dans les coussins*

Ps> Si l'on pouvait m'enlever ce "visiteur", j'en serai fort aise !

- Oui seigneur Molière, arrêtez vous un temps ici. Vous venez au bon moment, notre chère Seytahn a des pensées un peur tristes. Je cherchais à les lui changer mais vous le ferez bien mieux que moi! On peut dire que vous venez au bon moment!

Et j'attends une histoire, une vraie à votre propos. La raison de votre venue ne suffit pas.




> pour ne plus avoir "visiteur" reste et parle avec nous, prends ton temps, nous sommes bien ici

*Le Gnome ne put s'empecher de sourire en entendant Elyra parler de l'auberge, c'est avec un étonnement feint qu'il répondit*

L'auberge du rêveur ? Cette bicoque tiens encore debout ? Et vous voulez me faire croire qu'elle a maintenant d'autre visiteurs que des araignés ?
Allons donc, vous me flattez certainement, je doute que mon utopie est attirée grand monde.

*Il hésita un instant, puis repris, les yeux pétillants*

Mais si l'auberge est visitée par d'aussi charmantes perles que vous, bien que je sois persuadé que vous êtes unique, vous allez me faire regretter de ne plus la fréquenter...

*Titoc se retourna vers Moliere, qui avait bien vite abandonné la conversation pour roucouler auprès de Seytahn, avant de reprendre en direction d'Elyra*

Quant a la raison qui nous ammène ici, Moliere l'a assez bien résumée, même si je dois dire qu'il a tendance a fabuler sur certains points.
Bref, je ne l'aurais pas laissé partir seul dans une telle quête et je lui ai emboitté le pas. A son age partir seul n'est pas sans risques...

Mais je ne vais pas vous assomer avec mon récit, nous vous avons interrompue a notre arrivé, j'en suis navré, reprenez, je vous en pris.

[/i]

Seytahn répond au sourire de Titoc ( un sourire vraiment craquant se dit-elle), et rougit sous le baiser de Molière...

Aux mots qui invoquent Jah et sa disparition, elle se sent soudain embarassée, pose des regards un peu partout pour éviter ceux des invités, et toussotte pour évacuer sa gène.

Elle essaie de prendre une contenance en rangeant les cartes, se lève, soufle les bougies, et sort d'un recoin une autre boîte dans laquelle se trouve des délicieux sablés :

- ils ne sont pas aussi bons que ceux de Tatatoc, mais quand-même ! (dit-elle en faisant un clin d'oeil à Titoc, qui ne la regarde même pas tant il semble ébloui par la radieuse Elfette.)


Et puis se tournant vers Molière, en murmurant :

- quelle joie vous me faites de venir enfin en ces lieux, depuis le temps que je vous le suppliais... mais Elyra a raison, quelques soient les motifs de votre visite, nous serions ravies de vous entendre conter votre histoire.

- Il y a longtemps que je n'ai pas été à l'Auberge du Rêveur, mais c'est un lieu merveilleux. Rendez-vous compte : un lieu de trêve, de paix! Vous avez érigé un endroit merveilleux, c'est le coeur du Lorndor!
Et cela me ferait plaisir de vous y rencontrer un jour...

Elle lui fait un clin d'oeil.

- Reprendre? Bien, mais si jamais je vous ennuie avec mon histoire, n'hésitez pas à m'interrompre.

Tous ces peuples qui habitent à Faëlie, je n'ai pas vécu leurs vies, non. Je les connais parce qu'Elvea m'y a emmenée quand j'étais petite, en rêve. En réalité, c'est son Monde à elle, je n'y ai pas vécu. Mais j'y suis allée, plusieurs fois et ce Monde a beaucoup plus marqué mon coeur et ma mémoire que l'endroit où j'ai été élevée... que d'ailleurs j'ai presque oublié... c'est étrange...

Elle fronce les sourcils, elle ne s'était jamais rendue compte qu'elle n'avait que quelques rares souvenirs flous, elle se rappelle à peine du visage de son père, du paysage...
alors qu' Elvea a beau être absente, c'est comme si elle était là, et les songes de Faëlie, elle en a retenu tous les détails! C'est bien étrange...
Elle est un peu troublée mais se reprend.

- Faëlie est un Monde refuge. Si tant de peuples et de races différentes y habitent, c'est parce que l'endroit où ils vivaient avant a été détruit par Ravage. Alors la Princesse est allée les recueillir, et contre leurs serments de paix, elle les a fait venir sur la planète nacrée. Pour les sauver.

J'aimerais pouvoir t'y emmener Seytahn, mais c'est impossible. Ce qui s'est passé tout à l'heure, c'est que je t'ai fait voyager dans mes souvenirs. Donc si nous y retournons, tu verras les mêmes images.
Je suis incapable d'y aller. Pourtant j'aimerais, mais ce Monde de Paix est protégé, c'est normal. Seules quelques rares personnes peuvent y accéder : Elvea, la Princesse, Flamme,... Pour les autres, il y a un moyen : il faut pour cela trouver une créature mythique, qui est bien sûr introuvable.

Et je pensais retourner y vivre un jour, mais c'était avant que je vienne en Lorndor. Et que je ne le rencontre...

Elle ferme les yeux un instant, pose ses mains sur son coeur et revient vite à elle.

Elle regarde Seytanh, Molière et Titoc en souriant quand soudainement l'expression de son visage change. Elle a l'air surpris. Elle demande.

- C'est vrai? Vous pouvez faire ça?

Ses compagnons la regardent interrogatifs. Elle parle seule?

- Ce serait merveilleux!

Elle reporte son attention sur ses amis dans l'alcôve. Elle semble émue.

- Seytahn, chère Setahn, apaise ton esprit, je vais te faire un présent. Et vous messieurs, vous allez pouvoir en profiter aussi!

- Ils vont arriver. En attendant, n'hésitez pas à continuer de parler!

*Molière se redressa. Il caressa affectueusement la joue de Seytahn, puis il se leva..*

Je... J'ai à faire...
Je repasserai..


*Le gnome se retourna et sortit de l'alcove... Il traversa le bar à la chaleur oppressante et disparu*

*Quand Molière reparut, il savait.*

Bien triste est ce jour qui a vu Titoc quitter cet endroit...
Il est plus doué que je ne l'aurais cru.. Déjà il m'est difficile de me souvenir de ce qu'il était venu nous dire en ces lieux..

*Molière se sentait d'une humeur bien triste.. Il lui était cruel que les siens se griffent ainsi l'égo... Qu'importe.*

Ce départ précipité écourtera ma visite en ces lieux... Ravi d'avoir fait votre connaissance gente Elyra

*Ainsi le gnome s'en fut, sans un au revoir ni un regard en arrière..Il n'avait même pas l'envie de s'attarder en au revoir.
Le pan de toile qui abritait l'alcôve retomba sur la silouhette d'un petit être vouté et chagriné.. Jamais Molière n'avait semblé aussi âgé*