Nouvelle Arrivante

Un calme plat reignait dans le centre administratif du mausolée. Un silence de mort, aurait dit un narrateur audacieux. Une oreille attentive - ainsi que son propriétaire - aurait cependant entendu un tintement metallique régulier.
*CLING*
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Il s'agissait de l'hôtesse d'accueil qui tamponait cérémonieusement des documents officiels, relatifs au rôle d'une administration. Cette hôtesse n'avait apparemment pas été choisie pour la qualité de l'accueil qu'elle pourrait prodiguer puisque son regard vide, las et morne laissait penser qu'elle avait passé de nombreuses années de non vie à tamponner des papiers et de nombreuses années de sa vie dans une administration quelconque. Une existence bien triste. Elle s'acharnait sur ce pauvre tampon, sans éprouver la moindre compassion et sans que son regard ne change d'expression. Les ténèbres qui l'environnaient ne faisaient qu'obscurcir l'atmosphère procédurale qui reignait en ces lieux.
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*CLI...*
L'impressionante double porte du centre administratif s'ouvrit avec un grincement lugubre, interrompant la morbide litanie tamponesque. Une petite silhouette se détacha de l'obscurité de l'extérieur. L'undead de l'accueil leva doucement la tête avec un grognement puis rajusta ses lunettes et son oeil qui virait vers la droite.
La frêle créature fit quelques pas incertains dans l'édifice. Elle portait une grande cape qui la couvrait de la tête aux pieds. Elle s'arrêta à mi chemin entre la porte et le comptoir d'accueil. Elle semblait regarder autour d'elle, silencieusement, comme si elle n'était pas sure d'être au bon endroit. L'hôtesse d'accueil grommela quelque chose d'incompréhensible et se remit à tamponner.
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Les coups de tampon résonnaient et couvrirent les pas de la nouvelle arrivante qui s'approcha du comptoir, toujours aussi hésitante. Elle s'éclaircit la gorge dans l'espoir dérisoire d'attirer l'attention de la fonctionnaire.
*CLING*
-Excusez moi madame je voudrais...
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-Est-ce qu'il serait possible de...
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-Je vous en prie madame je...
*CLING*
La nouvelle venue retira la capuche, dévoilant de grands yeux enfantins, naïfs et étonnés et de longs cheuveux peu soignés. La vamp cessa une seconde de martyriser son tampon, regarda et ne reconnut pas Oihana, avant de se remettre à sa sombre besogne.
Oihana, déjà mal à l'aise eut l'envie soudaine de faire demi tour et de rentrer chez elle. Elle se retint toutefois et tappota de ses ongles sur le comptoir en espérant que l'autre s'occuperait d'elle sous peu. Celà ne manqua pas. Une fois tous ses papiers tamponnés, bien allignés et rangés elle releva les yeux vers Oihana.

-Vous avez une carte de séjour? demanda-t-elle avec l'amabilité et la gaieté d'une charnière de cercueil.

Oihana leva vers elle ses grands yeux étonnés.
-En fait je venais simplement pour...
-Votre carte de séjour, s'il vous plait, l'interrompit-elle en faisant clairement comprendre par son ton que ce "s'il vous plait" était une contrainte imposée par sa direction.
-Mais je n'en ai pas, je voulais juste...
-Revenez avec une carte de séjour! conclut la fonctionnaire en ressortant une liasse de papiers qu'elle se remit à tamponner sans motivation.
Oihana se mordit la lèvre et regarda autour d'elle. Cet édifice était certes imposant, mais peut-être parviendrait-elle quand même à y trouver les toilettes toute seule...

Soyinka arpentait, pensive, les couloirs sombres du Mausolée, échappant pour un temps à la chaleur étouffante de la Taverne... Elle marchait sans but, savourant la fraîcheur et l'obscurité qui, avec l'élégance de l'architecture et la finesse des toiles d'araignées (les tapisseries d'araignées représentant les différentes batailles livrées et gagnées par les UD faisaient l'admiration de tout le Lorndor ou presque, surtout les détails très fins mettant en scène des elfes, des nains, et divers ustensiles pointus.), avaient fait la réputation du Mausolée.

Au détour d'un couloir plongé dans une obscurité d'une facture exceptionnelle, Soyinka fut soudain brutalement percutée par un projectile sur pattes, faisant environ 10 têtes réduites ou 4 têtes normales et demi de moins qu'elle, à un cheveu près.

Un Nain? se demanda la Vamp dans un coin de sa tête encore non envahi par la colère.

Elle savait que parfois d'infortunés nains et elfes se perdaient dans les couloirs obscurs, pour le plus grand plaisir des amateurs de cache-cache sanglant... Avec un soupir, elle s'apprêta à soulager le nain successivement de son sang, sa vie, et accessoirement sa barbe, quand elle s'aperçut que ce dernier accessoire manquait...

Oihana commençait à être nerveuse… très nerveuse… Elle était en train de retourner au château de l’Armée des Ténèbres, chevauchant fièrement Bigadin, et comprit en route qu’elle avait bu trop de jus de fraise. Alors qu’elle rebondissait sur le dos de sa monture, elle se rendit peu à peu compte qu’il lui faudrait payer les conséquences de sa gourmandise.
D’une pudeur peu commune chez les undeads, elle se refusait à se soulager dans un buisson quelconque et soupira de bonheur en voyant au loin l’imposant mausolée des Vamps et des Lucifels.
Et elle s’était retrouvé dans l’immense bâtisse, cherchant vainement les toilettes… l’affaire se faisait pressante, ce qui expliquait la nervosité grandissante de l’undeadette.
Elle avait parcouru plusieurs couloirs en vain, les lieux semblaient déserts. Oihana désespérait, doublant son allure.
Elle percuta quelque chose de plein fouet, et tête la première. La chose la regarda, avec un regard jaune au fond des yeux. Oihana sursauta, s’apprêtant à fuir, quand elle reconnu le visage bienveillant de sa grande amie Soyinka.
-Tiens Soyinka ! Dites, vous pourriez pas me dire où je pourrais trouver…
La vampire l’interrompit sèchement.
-Petite peste ! Qu’est-ce que tu fais encore là à me coller aux basques ?
Oihana essaya du mieux qu’elle put de croiser les jambes en restant debout, les mains dans le dos en faisant un sourire crispé à Soyinka.
-Oooh… vous savez… je fais que passer… au fait est-ce que par ici il y a des…
-Tu vas encore trouver le moyen de ruiner une de mes robes !
-Je ferais de mon mieux pour éviter ça mais il faudrait vraiment que je… oooooooh !

A ces mots, Oihana commença à sautiller gaiement en poussant des petits cris plaintifs, les mains entre les cuisses…